La peur au ventre.

Trois hommes, trois combattants contre une quinzaine d'araignées géantes sorties des égouts, se battant tant bien que mal pour éliminer la menace... Elles étaient nombreuses, elles étaient féroces ! La première vague fut simple à éliminer. Mais les araignées-sabre... Ça c'était autre chose ! Leurs pattes plus affûtées que des lames, plus tranchantes que des rasoirs.

Le paladin de Tyr se retrouva isolé. Face à lui, plus d'araignées que pour les deux autres combattants réunis. Il esquivait, il parait les coups comme il pouvait, se déplaçant vite malgré son armure. Et même lorsque les puissants coups des arachnides frappaient l'armure, ceux-ci ne faisaient que la rayer, le paladin absorbant les coup la plupart du temps pour les dévier, ou pour empêcher ceux-ci ne passent au travers du métal. Mais cela ne fait pas de lui quelqu'un d'invulnérable... Après quelques longues minutes de combat, un premier coup passa le cuir de l'armure, laissant une plaie béante dans le biceps. Vint ensuite l'intérieur de la cuisse, qui heureusement ne toucha pas d'artère.

Il senti la douleur le gagner, ses membres se crisper. Le venin des araignées commençait à faire effet : bientôt, il n'aurait plus la force de les toucher et il le savait. Courageusement, il se tourna vers une première qu'il élimina difficilement - les nombreux coups et attaques des autres araignées l'empêchaient d'attaquer efficacement. Se tournant vers une autre, ensuite il leva l'épée pour frapper, mais la carapace était trop dure pour ses muscles endoloris. A de nombreuses reprises, les coups portés ne purent l'atteindre.

L'armure et le bouclier commençaient à faiblir, et le manque de mobilité dû à la fatigue et au poison qui coulait dans ses veines le rendait vulnérable. Il devenait une cible facile, et les araignées l'assaillirent de coups successifs. Grièvement blessé, le paladin posa un genoux à terre, contraint. L'une d'elle s'approcha face à lui, menaçante, et fit une attaque. De justesse, dans un réflexe étonnant, il leva son pavois pour se protéger. La patte de la créature était coincée dedans ! Elle tenta de s'en dégager, faisant chavirer à droite et à gauche le paladin jusqu'à ce que celui-ci ne sente plus de résistance en face. Il baissa le bouclier ; la patte venait d'être tranchée.

Les deux autres combattants avaient eu assez de temps pour éliminer leurs araignées, ceux-ci commencèrent à épauler le paladin pour le dégager de ce mauvais pas, fort heureusement ! Il reprit son souffle un instant, et rassembla ses forces pour se relever et contenir les assauts suivants. En quelques instants, les géantes tombèrent, l'une après l'autre sous les coups des combattants qui avaient chacun dans leur coin réduit les forces ennemies.

La bataille était sur le point de se terminer ; il ne restait plus que deux géantes araignées-sabre face à eux. Ils pouvaient souffler un peu, le combat demandait à présent beaucoup moins d'effort. Aristarkh se relâcha un peu, plus détendu. Et c'est à ce moment précis qu'il senti quelque chose le taper dans le dos. Il se retourna pour identifier ce dont il s'agissait... Une lame, un épée longue venait de l'attaquer et heureusement de ricocher sur son armure, et se précipitait dans le sens inverse pour le frapper de nouveau. A bout de force, le paladin utilisa ses deux mains pour soulever son bouclier et se protéger. Mais il avait bien eu le temps d'identifier son agresseur.

Iris ?!... Qu'est-ce que tu fais ?...

Epuisé, à bout de force, il ne comprenait pas ce qu'elle faisait... Il la vit se retourner contre quelqu'un d'autre : "était-elle devenue folle ?". Quoi qu'il en soit, il ne pouvait pas la combattre. Pas elle. Il se retourna vers le danger le plus menaçant, le plus urgent, avant de réfléchir à des moyens de gérer le problème. De temps à autre, il la regardait combattre.

Elle engagea le combat contre un des combattants. Celui-ci répliqua et lui entailla gravement le bras. Elle se tourna ensuite vers le second combattant, qu'elle commença à essayer de toucher - celui-ci, occupé contre les araignées ne bougeait pas.

"Ari ! Aide-moi !"

Il se retourna un instant, observa la situation, et même si elle était en danger, il ne pouvait pas s'arrêter. Il continua d'attaquer les araignées en espérant qu'elle arrêterait, et en espérant aussi de la clémence de la part de celui qui l'attaquait. Un autre coup lacéra le dos de la jeune femme qui tomba presque au sol, agonisante. Elle prononça une dernière parole, quelques mots, avant que l'épée de celui qui l'attaquait dans le dos ne la transperce de part en part. Elle tomba au sol, se vidant de son sang.

Un hurlement de colère de la part du paladin, il abandonna le combat pour se précipiter vers la jeune femme. Le bouclier tomba lourdement au sol, son épée également. Il se mit à genoux devant elle.

"Aidez-moi ! Allez chercher de l'aide !"

Désemparé, ne sachant pas quoi faire, à bout de force et complètement essoufflé, il commença à essayer de masser le thorax en espérant que son cœur batte toujours... Qu'elle n'était pas encore morte, qu'il y avait encore de l'espoir !

"Ne restez pas planté là ! Allez chercher de l'aide !"

S'exclama t-il de nouveau. Le combattant le moins blessé y alla, en marchant. L'autre - le responsable - alla s'asseoir, blessé et à bout de force lui aussi. Le paladin continua tant bien que mal les premiers soins. Si faible qu'il ne pouvait pas réaliser la réanimation comme il faut. Et tant bien-même, on ne réanime pas un corps vidé de son sang... Mais il devait essayer, il ne pouvait pas abandonner. Il ne pouvait tout simplement pas la perdre. Une femme approcha, laissant dans son sillage une très mauvaise odeur.

"Ce n'est pas elle.
-... Quoi ?
-Ce n'est pas Iris. Elle prend un bain à la villa."

Le paladin en arrêta même la réanimation. Il releva la tête vers la jeune femme, ne croyant pas ce qu'il venait d'entendre. Iris était là, allongée devant lui, et elle lui mettait le doute, plutôt que d'aller à son secours.

"Aidez-moi, il faut la sauver !"

N'écoutant que son cœur, il recommença. Ne s'intéressant pas aux commentaires des uns et des autres qui trouvaient le moyen de discuter alors que sa fiancée était au sol, inerte, dans une marre de sang. Il les entendait parler... Ils parlaient, au lieu d'agir. D'abord, des certitudes sur le fait que ce n'était pas elle, puis des doutes. Il était trop épuisé pour ressentir de la colère. Il avait chaud, ses mains étaient moites. Des gouttes de sueur commençaient à tomber de la visière de son casque. Il était complètement essoufflé. Et ne tiendrait plut longtemps... C'est à ce moment précis que le corps disparu sous ses yeux, en un instant.

Appuyant sur ce qui n'était plus que du vide, il tomba vers l'avant, se laissant choir sur le côté.
Lentement, progressivement, au fur et à mesure qu'il reprenait sa respiration, il comprenait, il réalisait ce qu'il venait de se passer...

Plus rien ne serait comme avant.